Liban: des Juifs, des Palestiniens, des Français et d'autres Européens.

Je commençai par faire une déclaration:

Nous nous considérons comme des patriotes israéliens. Nous sommes profondément inquiets quant à l'avenir de notre État, et de son fondement moral. Face à la destruction et aux pertes en vies humaines occasionnées par la guerre au Liban, notre tâche de mettre fin au conflit devient encore plus urgente. Monsieur Sharon dit que cette guerre a pour but d'anéantir l'OLP une fois pour toutes. Nous, nous disons qu'après cette guerre le problème palestinien devra être résolu une fois pour toutes. Nous voulons qu'Israël offre au peuple palestinien des négociations immédiates sur la base de la reconnaissance mutuelle du droit à l'autodétermination.

A la fin de la conférence, une femme, qui était restée tranquillement assise près du mur, vint me voir, me serra la main et se présenta. C'était Marie-Claude Hamchari, la veuve du représentant de l'OLP à Paris, qui avait été tué quelques années plus tôt par le Mossad, à l'aide d'un système électronique très sophistiqué relié à son téléphone.

Cette nuit-là, je dormis dans une des chambres de l'appartement qui servait de bureau à Issam. Dans la chambre voisine dormaient deux Palestiniens. J'étais conscient d'être dans une position singulière. Je passais la nuit dans ce qu'Ariel Sharon aurait certainement appelé « un nid de terroristes », pendant que l'armée de mon pays s'efforçait de détruire la « base terroriste » de Beyrouth. Mes proches, et ceux des deux jeunes gens dans la pièce voisine étaient occupés à s'entre-tuer. Pour beaucoup d'Israéliens, nos efforts pour mettre fin aux massacres et à la destruction ressemblaient à une trahison.

Mais nous n'étions pas seuls.

Déjà, la première semaine des hostilités, des centaines d'Israéliens avaient signé une pétition à l'en-tête «Assez! ».

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