de New York. A l'occasion de sa visite on avait dressé une grande tente orientale éclairée de plusieurs couleurs. On avait aussi installé des caravanes équipées de téléphones pour les services de sécurité. On nous fit entrer dans l'une d'elles. Sa Majesté n'était pas encore arrivée des Nations Unies, où elle avait prononcé, sans notes, son grand discours en arabe.

L'endroit était bourré de journalistes, mais pas un ne remarqua les trois messieurs qui portaient au revers de leur veste les drapeaux croisés d'Israël et de Palestine.

Finalement, on nous fit entrer dans la maison. Le roi, en costume gris, nous attendait en haut des marches.

Au début, une horde de journalistes se précipita dans l'entrée, mais tous, sauf les Marocains, furent aussitôt refoulés par les gardes. Les Marocains nous photographièrent et nous filmèrent, puis ils furent priés de sortir aussi.

Le roi, qui est perspicace, sentit notre déception. Cette rencontre n'allait donc pas être publique, comme nous l'avions espéré.

- Nous devons mettre au point une stratégie pour lutter contre Monsieur Begin, nous expliqua-t-il. Il faut économiser nos munitions. Cette rencontre sera rendue publique, mais s'il vous plaît, laissez-moi décider exactement du moment.

Dans une atmosphère extrêmement cordiale, nous engageâmes la discussion. Ce n'était pas un débat à proprement parler, car nous n'avions aucun sujet de divergence. Le roi pensait que l'essentiel était d'amener la chute du gouvernement de Begin, mais il ne se faisait aucune illusion sur Shimon Pérès.

- Je le connais, nous dit-il. Il est plus poli que Begin, mais à part cela peu de chose les sépare. Ce qui compte, c'est de donner davantage de pouvoir à des gens comme vous, qui avez une vision claire du problème palestinien.

Pour lui, il était évident que c'était le principal objet de notre rencontre: nous avions besoin d'acquérir de la crédibilité et de l'importance pour conquérir l'opinion publique israélienne, surtout en prévision des futures élections. Le roi

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