lui aussi s'attendait à voir le gouvernement s'effondrer après la publication du rapport Kahane. Il s'excusa de faire si peu.

- Je suis à six mille kilomètres du conflit, expliqua-t-il. Je n'en suis pas partie prenante. Je peux seulement aider. Les décisions doivent être prises sur le théâtre des opérations, de préférence d'un commun accord entre l'OLP et le roi Hussein. La charge est trop lourde pour l'un d'eux pris séparément, elle serait plus légère à deux. Je les aiderai à aboutir

Il m'impressionna par la sagacité de ses remarques à propos des auditions de la commission Kahane.

- C'était stupide de la part de Sharon d'avoir attaqué l'armée. C'est très dangereux pour lui.

Avec sa longue expérience des services de sécurité, dont certains éléments avaient conspiré contre lui, le roi savait manifestement de quoi il parlait.

Il pensait comme nous que c'était le moment d'agir de manière décisive pour obtenir un règlement. A la suite de la guerre, toutes les conditions étaient réunies: l'opinion israélienne en avait plus qu'assez de la guerre et du gouvernement, le rapport Kahane allait peut-être déboulonner Begin, Arafat pourrait agir sans l'obstruction de la Syrie, et l'Amérique semblait prête pour des initiatives hardies. Au cours de sa rencontre avec Reagan, le roi avait tâté le terrain à ce sujet.

- Nous devons tout faire pour renforcer votre position en Israël, répéta le roi en nous raccompagnant courtoisement jusqu'au perron, où il prit congé de nous avec des poignées de main.

Il avait promis de rendre notre rencontre publique, et c'est ce qu'il fit trois mois plus tard, après notre entrevue avec Arafat.

En nous reconduisant à notre limousine, le consul du Maroc, qui nous confia qu'il était allé secrètement en Israël, fit remarquer que la situation était complexe.

- Mais n'en est-il pas jde même pour tout dans notre région? ajouta-t-il.

Il avait malheureusement raison.

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