tout en sachant que des centaines de phalangistes et d'agents israéliens le cherchaient dans la ville.

« L'indépendance de décision » si convoitée par les Palestiniens semblait assurée.

Après son départ de Beyrouth, Arafat continua sur sa lancée.

Le seul fait d'aller à Tunis, au lieu de Damas, était une déclaration d'indépendance. Il fit un voyage à Rome, où il exalta le mouvement pacifiste israélien, dont les manifestations de masse contre la guerre avaient profondément impressionné les Palestiniens (« les seules manifestations au Moyen-Orient contre l'invasion israélienne », faisaient remarquer certains). A Rome, il déclara à des hommes politiques italiens que l'OLP était prête à rencontrer des dirigeants du parti travailliste israélien à une conférence officielle, offre qui fut publiquement rejetée par Shimon Pérès et ses collègues, qui annoncèrent que tout membre du parti travailliste qui rencontrerait un membre de l'OLP serait aussitôt expulsé du parti.

Je retournai à Paris le 11 janvier 1983. Je savais que le Conseil national palestinien allait se réunir dans quelques semaines, et pensais qu'il serait bon de créer un événement de nature à influencer les décisions de cette session.

Quand je revis Issam, il avait repris son idée fétiche de 1981: faire inviter une délégation pacifiste israélienne au Conseil national palestinien, pour attirer l'attention sur le dialogue entre l'OLP et les forces de paix sionistes en Israël. Mais son objectif immédiat était d'organiser une rencontre entre Arafat et nous.

Nous discutâmes de la situation à l'intérieur de son organisation. L'un des projets était de créer un gouvernement provisoire palestinien en exil. C'était une idée qui m'était chère depuis longtemps. Elle nous aiderait à briser l'image démoniaque, si répandue dans le monde, qui fait de l'OLP une organisation terroriste. Sadate en avait parlé à plusieurs reprises. Pourquoi ne la mettait-on pas à exécution?

Éric Rouleau, le spécialiste des affaires du Moyen-

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