tante. Je savais que deux services secrets au moins étaient aux écoutes, enregistrant les conversations, et j'essayais de formuler mon message aussi prudemment que possible.

Mais Matti ne réagit pas comme je l'avais espéré. Il était occupé. Il avait des cours à donner à l'université et ne pouvait pas se déplacer.

- Mais c'est le moment que nous attendons depuis des années! m'exclamai-je.

Matti n'était toujours pas convaincu.

En désespoir de cause, je lui dis:

- Je rentre. Voyons-nous demain soir pour en parler!

Le lendemain soir, j'étais avec Arnon chez Matti, à Motsa Ulit, près de Jérusalem. Matti avait des raisons d'être sceptique et d'hésiter. Il s'était déjà rendu à Tunis quelques semaines plus tôt, et Arafat n'était pas venu.

En fin de compte, Matti et Arnon décidèrent de prendre l'avion pour Paris le lundi. Mais Matti posa une condition: quoi qu'il arrive, il devait être de retour à Tel-Aviv le mercredi pour son cours de cinq heures. Il aurait pu aussi bien demander la lune.

Le lendemain, je tins la promesse que j'avais faite à Issam: j'allai voir le maire Elias Freij dans sa maison de Bethléem. Il était le seul maire palestinien élu de la Rive Ouest qui fût encore en exercice.

Ces maires avaient été élus par erreur en 1976. Comme Itzhak Rabin, à l'époque Premier ministre, me le raconta tout de suite après en se frottant les mains, son ennemi Shimon Pérès, ministre de la Défense, avait cru que des élections libres renouvelleraient le mandat des vieux notables, qui étaient des hommes de paille de la Jordanie. Les élections avaient bien été libres, et le résultat révolutionnaire: dans presque toutes les villes importantes de la Rive

255