Ouest, les partisans de l'OLP avaient remporté une victoire écrasante. Bien entendu, cette expérience n'avait jamais été renouvelée par les autorités israéliennes, et la plupart des maires avaient été déposés ou déportés les années suivantes.

Freij était un personnage controversé. Maire chrétien d'une ville en majorité chrétienne, il n'était pas bien vu des musulmans les plus conservateurs. Il essayait de « marcher entre les gouttes », comme on dit.

Il me reçut sur la grande véranda de sa maison, d'où on avait une large vue sur la campagne environnante. Il me montra tristement les villes et les villages juifs qui surgissaient de toutes parts.

- Chaque jour je regarde, et je vois de nouvelles constructions.

Freij souhaitait qu'Arafat et Hussein parviennent à une entente et il déplorait les tergiversations de l'organisation palestinienne, qui la retardaient.

- Ils ne se rendent pas compte de ce qui se passe ici, que le temps presse, que nous perdons notre patrie pendant qu'ils discutent, dit-il amèrement.

Par « ils », il entendait les extrémistes au sein de l'OLP, et les démagogues et les opportunistes qui se faisaient passer pour tels.

Comme Sartawi, il pensait qu'il fallait créer un groupe de pression pacifiste sur la Rive Ouest. Il me dit ce qui était nécessaire pour y parvenir, et me demanda d'en parler à Issam.

Quand je lui laissai entendre que je verrais peut-être bientôt Abou Amar, il s'écria:

- Dites-lui! Dites-lui qu'ici, sur la Rive Ouest, nous avons besoin d'une action décisive qui aboutisse à une solution politique, qui nous débarrassera de l'occupation israélienne. Nous sommes asphyxiés.

Et montrant le paysage, il ajouta:

- Dites-lui ce que vous voyez! Notre patrie nous échappe! Le temps presse!

Pendant ce temps, la femme de Freij me préparait un

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