front, l'idée d'une conférence entre des intellectuels palestiniens et israéliens, les relations entre le mouvement pacifiste israélien et la population des territoires occupés, la prochaine session du GNP et la possibilité qu'une délégation israélienne y assiste. Et bien entendu, nous souhaitions que cette rencontre à Tunis soit rendue publique.

Il faisait déjà nuit quand notre cortège de voitures se dirigea au nord, vers la splendide villa qui sert officiellement d'ambassade de l'OLP à Tunis.

On nous fit entrer dans un salon, et bientôt Arafat fit son apparition. Il pénétra tranquillement dans la pièce, me donna l'accolade et m'embrassa sur les deux joues, comme la dernière fois. Je lui présentai Matti et Arnon, et nous nous installâmes: Arafat s'assit au milieu du canapé, Matti à sa droite, et moi à sa gauche. Arnon et Abou Maazen prirent des chaises à côté de moi, et Sartawi, Shakour et Abou Marwan prirent place près de Matti.

Au début, une certaine gêne s'installa. Ni Arafat ni Matti ne sont doués pour la conversation de salon. Je pris donc l'initiative.

- Comment vous sentez-vous? Mieux que la dernière fois à Beyrouth? demandai-je.

- Je me sentais très bien à Beyrouth, répondit Arafat, en anglais.

Il était entré avec un bonnet de fourrure sur la tête, décoré des insignes de commandant en chef des forces de l'OLP. Il l'avait enlevé en s'asseyant. Il portait son uniforme kaki bien repassé, avec l'inévitable petit pistolet à la ceinture. De nouveau, je fus frappé par la différence entre son image télévisée et sa véritable apparence. Sa barbe était bien entretenue, mi-noire, mi-grise, et ses yeux bruns et vifs avaient un regard beaucoup plus doux que sur les photos. A Beyrouth je l'avais trouvé tendu, mais plutôt euphorique, alors qu'il affrontait la mort dans une bataille sans merci. Aujourd'hui, il était détendu, souriant. Je devinais que derrière ce sourire perpétuel se cachait une certaine timidité.

Pour passer aux choses sérieuses, je lui parlai de ma visite à Elias Freij et de la vue que l'on avait de sa véranda.

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