par la variété des sourires: le large sourire d'Arafat, le sourire victorieux d'Issam, celui, plus contraint, de Matti, et sur le visage d'Abou Maazen, l'ombre d'un sourire.

La conversation porta sur d'autres sujets. Bien sûr, la situation politique en Israël intéressait vivement nos hôtes, qui n'avaient jamais eu une pareille occasion d'entendre directement le point de vue d'Israéliens. De notre côté, nous nous intéressions au rapport des forces au sein de l'OLP. Arafat et Abou Maazen pensaient qu'ils n'auraient aucun mal à emporter une forte majorité à la seizième session du Conseil national palestinien qui se réunirait dans trois semaines. Il serait possible d'adopter des résolutions décisives en vue d'arriver à une solution pacifique.

Matti exposa brièvement les visées du Conseil israélien. Nous avions une chance de changer l'opinion publique, car les choses étaient fluctuantes en Israël. Mais pour obtenir du prestige et du pouvoir, il nous faudrait prouver qu'il y avait un changement manifeste de la politique de l'OLP.

Il n'y avait rien que Begin redoutât autant qu'une initiative de paix de la part de l'OLP, susceptible d'avoir de l'impact sur le public israélien, fit remarquer Arnon.

- C'est son pire cauchemar! ajouta Matti.

J'observai qu'à mon sens des textes diplomatiques et

des déclarations politiques seraient beaucoup moins efficaces que des gestes spectaculaires, que le grand public pourrait voir et entendre à la télévision, et qui l'influenceraient consciemment et inconsciemment. Après une guerre qui durait déjà depuis trois générations, il n'en fallait pas moins pour extirper les préjugés et les craintes les plus tenaces. Notre rencontre, aujourd'hui, constituait un de ces événements spectaculaires. Nous devions continuer dans cette voie, et frapper de plus en plus fort.

- Bien sûr, m'excusai-je, je parle en professionnel de la communication.

- Moi aussi, répondit Arafat.

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