conférence israélo-palestinienne, et qu'il devait faire publiquement appel aux leaders de la Rive Ouest pour qu'ils collaborent avec nous.

Mais que faire pour la réunion de Londres? Issam ne pouvait y paraître avec moi sans passer outre publiquement à la décision formelle de sa propre organisation, et provoquer tous ses ennemis à l'extrême.

Tout était prêt pour le soir même. Issam essaya d'expliquer aux organisateurs, sans donner de détails, que sa participation était impossible. Mais manifestement, nos hôtes se sentaient floués et pensaient que ses arguments n'étaient pas valables. Il proposa donc de dire qu'il était malade et que je pourrais parler en son nom. J'objectai que sa participation était beaucoup plus importante, et que c'était moi qui me ferait porter malade. Nos amis insistaient pour que nous soyons présents tous les deux.

Tout à coup, Sartawi, qui jusque-là était resté prostré sur le canapé, l'air las et indécis, se redressa et dit résolument:

- D'accord, j'irai!

Depuis, j'ai souvent repensé à ce moment, qui peut-être décida de son sort. Pourquoi a-t-il fait ce choix? Avais-je trop insisté, et l'avais-je poussé à agir déraisonnablement? Lorsque je revois son expression à cet instant, je suis sûr que le facteur décisif a été d'ordre personnel. C'est sa fierté de combattant qui fit pencher la balance. Il n'était pas dans sa nature de céder à des menaces, de choisir la voie de la prudence, de ne pas relever les défis. Au fond, c'était un homme en lutte, toujours prêt à se battre.

Ce jour-là, je me sentis plus proche de lui qu'à aucun autre moment.

Le moment venu, ce fut vraiment comme une bataille.

Issam était tendu comme un soldat avant l'action, et moi aussi je ressentais une certaine tension. Le président, Steven Rose, un universitaire très estimé, jeta un coup d'œil à sa montre et dit:

- C'est l'heure.

Tous ensemble, nous franchîmes les épais rideaux pour entrer sur la scène.

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