sentais très proche de lui car il me confiait ses pensées les plus intimes.

Le problème, selon Issam, était qu'à l'intérieur de l'OLP une forte minorité, dirigée et financée par la Syrie et la Libye, était résolue à faire obstruction à toute démarche indépendante en faveur de la paix de la part des Palestiniens. Il n'existait aucune force organisée pour combattre ces pressions. Il n'y avait pas de groupe de pression en faveur de la paix, pas de parti structuré pour porter la parole de la solution pacifique aux masses de la diaspora palestinienne. Cette faiblesse était perçue par de nombreux intellectuels palestiniens, dont l'éminent Edward Saïd, qui me dit un jour qu'Arafat n'était pas en mesure de mener à bien sa politique, parce que ni lui ni Sartawi n'avaient vraiment essayé de l'expliquer aux masses palestiniennes.

Comment faire pour créer un tel groupe de pression? Sur quelle personnalité le baser? Quelle sorte d'organisme fallait-il mettre sur pied? Quels devaient être ses rapports avec l'OLP, le Fath et Arafat?

Nous discutâmes ces questions pendant des heures, lors de nos voyages en avion, devant un verre dans des chambres d'hôtel ou en marchant dans les rues.

Il oscillait entre deux approches différentes. L'une consistait à rédiger le brouillon d'un manifeste, qui poserait clairement comme objectif la solution des deux Etats, la nécessité de refaire la Charte palestinienne et de reconnaître Israël, et qui soulignerait l'importance de collaborer étroitement avec le mouvement pacifiste israélien afin de changer le visage d'Israël. Ensuite, il faudrait obtenir qu'un grand nombre d'intellectuels palestiniens résidant en Occident, des dirigeants de la population palestinienne dans les territoires occupés, et d'autres personnalités palestiniennes animées des mêmes sentiments signent et publient ce manifeste. Cette démarche serait certainement soutenue par plusieurs régimes arabes, comme ceux du

274