Maroc, de Tunisie, d'Arabie Saoudite, d'Égypte et de Jordanie. Un généreux soutien financier permettrait d'édifier une organisation internationale, qui collaborerait avec un réseau de groupes pacifistes en Europe occidentale et ailleurs. Parallèlement, une organisation pacifiste israélienne coopérerait étroitement avec elle.

L'autre projet, plus ambitieux, était de fonder un véritable parti. Il existait bien déjà un parti communiste palestinien qui défendait l'idéologie communiste et l'allégeance à Moscou. Pourquoi ne pas créer un parti pacifiste indépendant et organiser des sections partout où il y avait des Palestiniens? Ce parti pourrait se manifester à la prochaine session du Conseil national palestinien en tant que force indépendante, et tenir tête aux extrémistes inconscients, qui avaient failli monopoliser le débat à Alger. Sartawi se voyait certainement diriger un tel parti.

Beaucoup de questions se présentaient. Ce parti seraitil intérieur au Fath ou extérieur à toutes les organisations existantes? Accepterait-il ou non d'être chapeauté par Arafat? Quel serait son statut exact vis-à-vis de l'OLP?

Au cours de ces semaines, Sartawi se dépensa activement, exposant ses idées dans un grand nombre d'interviews et d'articles, essayant pour la première fois de systématiser sa pensée et de la faire comprendre aux masses palestiniennes.

C'était comme s'il sentait que le temps lui était compté. Radio Monte-Carlo, qui est peut-être la station la plus écoutée dans le monde arabe, diffusa une interview d'une heure avec lui.

Mais la plus importante de ses interviews fut peutêtre celle publiée dans l'hebdomadaire égyptien Al Musawar le 25 mars 1983. Il l'avait accordée à un jeune journaliste égyptien à Londres. Jamais Sartawi n'avait aussi clairement expliqué ses vues. Comme elle date de quelques jours seulement avant sa mort, elle mérite d'être largement citée:

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