Arafat la suivait strictement, et il lui devait de rester en vie.
Mais Issam ne la respectait pas. Je soupçonne que c'était contraire à son caractère, à sa fierté naturelle. Pour lui, c'était se plier à la volonté de l'ennemi. Il ne voulait pas qu'on lui dicte sa conduite. Si c'est bien le cas, c'était de la fierté mal placée.
L'Internationale socialiste, insistait Issam, était une arène importante pour l'OLP dans la bataille qu'elle menait pour la reconnaissance internationale. Pour lui, cette organisation, qui professait l'internationalisme socialiste, devait naturellement adopter la cause du peuple palestinien. De plus, il avait des alliés influents dans l'Internationale: Bruno Kreisky, chef d'un gouvernement socialiste, une figure de poids; Willy Brandt, l'ancien chancelier allemand, qui était président de l'Internationale. Plusieurs autres dirigeants socialistes étaient ses amis et ses admirateurs.
Mais dans sa lutte pour la reconnaissance de l'OLP, il s'était heurté à maintes reprises à Shimon Pérès. Celui-ci, en tant que chef du parti socialiste israélien, s'opposait fermement à toute reconnaissance de l'OLP, refus qui faisait partie des quatre « non » proclamés consensus national par le parti travailliste: non au retrait en-deçà des frontières d'avant 1967; non à l'État palestinien; non au changement du statut de Jérusalem-Est, qui avait été annexée à Israël; et non aux rapports avec l'OLP. Dans les coulisses, Pérès laissait entendre à Brandt, Kreisky et d'autres que toute résolution en faveur de l'OLP représenterait une défaite personnelle pour lui, et entraverait les efforts du parti travailliste pour regagner le pouvoir en Israël. L'une des principales fonctions de l'Internationale est bien sûr d'aider les partis socialistes à conquérir ou à garder le pouvoir dans leur pays.
Sartawi voulait aller à Albufeira pour continuer le combat, et il espérait y siéger cette fois comme représentant officiel de l'OLP. S'il obtenait ce titre, pensait-il, cela consoliderait les forces modérées de l'OLP, améliorerait sa position personnelle, et favoriserait son projet de créer un parti pacifiste palestinien.