Le dernier voyage d'Issam Sartawi fut un triste voyage.

A l'aéroport de Lisbonne, personne ne l'attendait, ni Palestinien, ni le moindre officier de la sécurité portugaise.

Il y avait de quoi surprendre. Lors de nos dernières apparitions communes en public, j'avais été impressionné par les minutieuses mesures de sécurité prises par la police locale. A Paris et à Vienne, Issam était constamment sous protection policière. Au Portugal, non seulement il n'était pas du tout protégé, mais il n'était pas autorisé à porter une arme dans ses déplacements. Il était sans défense.

Shimon Pérès, lui, fut accueilli en fanfare. Il fut entouré d'officiels portugais, et une importante équipe de sécurité avait été prévue pour son séjour. Qui donc pouvait nourrir de noirs desseins contre Shimon Pérès?

A Albufeira, Issam n'était pas logé à l'hôtel où se tenait la conférence, comme la plupart des délégués, mais dans un hôtel éloigné. Au moins deux fois par jour, il devait emprunter seul des routes désertes, cible idéale pour une embuscade.

A la conférence, tous ses efforts furent contrariés par Pérès. Brandt et Kreisky avaient essayé d'obtenir qu'il siège en tant qu'observateur de l'OLP, et soit autorisé à lire le discours qu'il avait préparé, mais sur l'insistance de Pérès, cela lui fut refusé. Finalement on parvint à un modus vivendi qui lui permit d'assister à la conférence en observateur privé.

Tout ceci n'empêcha pas Shimon Pérès de faire l'éloge d'Issam Sartawi de la tribune, et de saluer en lui un être d'exception et un grand héros de la paix. Voilà le genre d'homme qu'est Pérès. Il ne s'opposa pas non plus à ce que le discours d'Issam soit lu par Willy Brandt. A titre posthume.

Le 10 avril, Issam étàit dans le hall de l'hôtel où se déroulait la conférence, en train de bavarder avec quelques

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