46

C'est le 10 avril, peu avant dix heures du matin. Au bout du fil, j'ai un ami qui travaille pour l'agence FrancePresse.

- La nouvelle vient de tomber qu'il y a eu un attentat contre Issam Sartawi au Portugal. Ce n'est pas clair encore. Il est blessé ou tué.

Je ne ressens rien. C'est comme si j'apprenais une nouvelle que j'attendais depuis longtemps.

- Tu veux faire un commentaire que nous publierons? me demande le journaliste dans son hébreu teinté d'accent français.

- Attendons des précisions. Appelle-moi, veux-tu? quand tu auras une confirmation.

J'essaye de me remettre au travail, mais j'ai du mal à me concentrer. Je téléphone à Matti, à Jérusalem, pour lui faire part de ce que je viens d'apprendre.

Nous raccrochons sans ajouter un mot.

Dix minutes plus tard, mon ami me rappelle. Il n'y a plus de doute. Issam Sartawi a reçu une balle dans la tête. Il est mort. Je fais une courte déclaration.

A onze heures, la radio israélienne annonce la nouvelle.

Matti Peled appelle Waddad, la femme d'Issam, chez eux à Paris. Quand il commence à lui dire à quel point nous sommes bouleversés, il se rend compte qu'elle ne sait rien encore. Personne ne l'a prévenue.

284