de s'appeler en réalité Itzhak Khalafa, et d'être juif.

Imad lui-même était inquiet pour sa famille. Voilà un problème simple, et qui illustre mieux que tout la condition palestinienne: où faut-il installer sa famille? Un Palestinien ne peut pas la faire vivre à Damas sans devenir le valet de la Syrie. Ni la faire vivre à Amman, sans s'abstenir au moins de toute action politique contre le régime jordanien. Et c'était la même chose dans tout le monde arabe. Le choix d'un domicile pour sa famille et d'une école pour ses enfants constituait une décision politique. Ceux qui étaient restés à Damas étaient automatiquement devenus des agents syriens. Abou Jihad avait envoyé sa famille à Amman avant d'adopter une attitude anti-syrienne conséquente. Imad Shakour, lui, l'avait envoyée au Caire.

A la réunion de Turin, j'avais discuté avec Imad du problème des six prisonniers israéliens détenus par le Fath au Nord-Liban.

Arafat lui-même m'avait raconté l'histoire à Tunis: huit Israéliens avaient été capturés par un groupe du Fath composé de recrues inexpérimentées, des étudiants palestiniens qui s'étaient précipités au Liban pour participer aux combats.

En chemin, les soldats arrêtèrent une voiture qui appartenait à l'organisation d'Ahmed Jibril, un petit groupe soutenu par la Syrie et l'Égypte. En échange du transport, le chef du commando du Fath avait laissé deux captifs au groupe Jibril, qui les détenait encore.

Les Israéliens sont très sensibles au sort de leurs prisonniers. C'est une vieille tradition juive. Au moyen âge, des Juifs étaient souvent enlevés contre rançon, et les communautés avaient le devoir de payer la rançon et de libérer les prisonniers détenus dans le voisinage, d'où qu'ils viennent. Ce bel exemple de solidarité juive s'est transformé en impératif religieux.

Les parents des prisonniers étaient venus me trouver pour me demander si je pouvais faire quelque chose pour libérer leurs fils, ou du moins pour améliorer leurs conditions de détention. Auparavant, ils avaient consulté Begin et

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