syriens, elle empêchait la Syrie d'attaquer la conférence, où les Palestiniens siégeaient avec des Israéliens. C'était très complexe.

Le résultat pratique fut désastreux.

Quand Kaddoumi et Rabbo étaient assis à côté de nous à la cafétéria, ou nous croisaient dans les couloirs interminables, ils nous regardaient comme si nous étions transparents, sans un bonjour, sans même avoir l'air de nous reconnaître.

A certains moments, la situation devenait franchement ridicule. La délégation palestinienne comprenait quelquesuns de nos meilleurs amis. J'avais passé des soirées à converser agréablement avec Zehdi Terzi, l'observateur permanent de l'OLP aux Nations Unies. Shafiq Al Hut, l'ambassadeur de l'OLP à Beyrouth, avait été présent lors de ma première rencontre avec Arafat. Edward Saïd, le célèbre érudit palestinien, qui avait aussi été invité en tant que personnalité éminente, est un ami que nous aimons et respectons. Ils étaient dans une situation impossible. Nous échangions des propos amicaux à la sauvette, dans les hôtels, ou de brèves remarques dans les couloirs de la conférence, mais des officiels de l'OLP ne pouvaient pas, à l'évidence, faire fi des directives de leurs supérieurs.

Mais quand vint le tour de Kaddoumi de prononcer son discours, qui avait été soigneusement préparé à Tunis, il fut étonnamment modéré. Il exposa tous les projets de paix qui avaient été officiellement approuvés par l'OLP: on aurait presque cru entendre Issam Sartawi. Il termina son allocution en rendant hommage aux forces pacifistes israéliennes. Une phrase, en particulier, le démarquait nettement de sa position habituelle. Même dans le camp sioniste, dit-il, des voix s'élevaient contre la politique du gouvernement de Begin. C'était la première fois que Kaddoumi disait du bien des sionistes.

La situation se corsa quand la délégation de l'OLP donna une réception officielle dans le bâtiment des Nations Unies. Aucun Israélien n'était invité. C'était un affront que nous ne pouvions pas ignorer. Plusieurs délégués importants

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