Aussitôt après notre rencontre à Genève, Arafat réapparut mystérieusement à Tripoli, au Liban. En donnant l'assaut aux troupes palestiniennes dans la Bekaa, l'armée syrienne, qui se dissimulait derrière des mercenaires palestiniens, avait déclenché un siège contre l'armée de l'OLP à Tripoli et dans les camps de réfugiés voisins. C'était la répétition du siège de Beyrouth, les Syriens prenant maintenant ouvertement la place de l'armée israélienne. Mais la collusion israélo-syrienne tenait toujours: de son côté, la flotte israélienne faisait le blocus des Palestiniens par la mer.

Le siège de Tripoli, et la manière dont Arafat y survécut et réussit à dégager ses troupes de ce qui avait paru un piège sans espoir, eurent un profont impact sur les Palestiniens et les Israéliens. En parlant avec des Palestiniens dans des villes et des camps de la Rive Ouest, je m'aperçus qu'ils étaient plus que jamais derrière Arafat et le soutenaient de façon quasi unanime. Non seulement il avait prouvé son courage en rejoignant ses forces à l'intérieur de la ville assiégée, et en restant avec elles jusqu'à leur retraite honorable, comme il l'avait fait à Beyrouth, mais le fait que les « rebelles » aient pris les armes contre leur peuple, pour défendre des intérêts manifestement syriens, les avait totalement discrédités. Comme Issam Sartawi l'avait prédit, la rupture avec les Syriens et leurs collaborateurs était finalement consommée.

Arafat prit directement le bateau pour l'Égypte, où il rencontra le président Hosni Moubarak, le successeur et héritier de Sadate.

C'était un coup de génie, à sa manière. Par un seul geste, Arafat se plaçait au centre de l'attention mondiale.

En effectuant une réconciliation avec l'Égypte, l'ennemi juré de la Syrie, il rivait son clou à Al Assad. En aidant Moubarak à rentrer dans le giron des pays arabes, il prouvait l'importance du rôle joué par l'OLP dans le monde

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