Je lui répondis qu'il n'y avait aucune raison de s'étonner.
- Le gouvernement du Likoud veut annexer les territoires occupés. Une OLP extrémiste ne lui fait pas peur. Par contre, ce qu'il craint comme la peste, c'est une OLP modérée. Plus vos déclarations en faveur de la paix seront claires, plus sa réponse sera grossière. Cette grossièreté même devrait vous encourager, parce qu'elle montre qu'ils ont peur. Comme Jacob Arnon vous l'a dit la dernière fois, le gouvernement du Likoud a une réponse toute prête pour chacun de vos gestes, sauf celui-ci.
De nouveau, je pressai Arafat d'accomplir des démarches spectaculaires, afin de parler directement au public israélien. C'était toujours ma vieille idée: pour changer le gouvernement, il fallait changer l'opinion publique. Et pour changer l'opinion publique, pétrifiée après quatre générations de guerre, il fallait des gestes frappants. Par exemple, son interview du Nouvel Observateur aurait eu un impact tout différent si elle avait été donnée aux médias israéliens.
Nous abordâmes le sujet des prochaines élections israéliennes. Je leur parlai de nos efforts pour établir une liste pacifiste judéo-arabe. Il s'agissait d'une innovation dans la vie politique israélienne, parce que c'était, de la part de nationalistes juifs et arabes, la première tentative vraiment concertée de travailler ensemble. Notre programme, bien entendu, demandait l'égalité des citoyens arabes et juifs d'Israël à l'intérieur des frontières d'avant le 5 juin 1967, l'établissement d'un État palestinien indépendant dans la bande de Gaza et sur la Rive Ouest, comprenant JérusalemEst, et des négociations directes entre le gouvernement israélien et l'OLP.
De nouveau, je fus étonné de l'agilité d'esprit dont Arafat faisait preuve devant les situations politiques. Il fit aussitôt remarquer que l'objectif étant de changer l'opinion en Israël, il fallait que la liste soit menée par un Juif. Malheureusement, ce point échappa à nos amis arabes, qui insistèrent pour qu'un des leurs occupe la première position,