chef du parti travailliste, aurait pu établir son propre gouvernement sur une base étroite, si seulement il avait été prêt à s'appuyer sur les voix de notre liste et celles des communistes. Dans ce cas, il lui aurait fallu les votes de deux membres dissidents pour s'assurer la majorité. Mais il n'y songeait même pas. Il repoussa cette suggestion avec indignation, bien que nous eussions déclaré au président, au cours d'une réunion réglementaire, que nous serions disposés à soutenir ce gouvernement, sans y adhérer, s'il était basé sur un programme minimum de paix et d'égalité.

Au lieu de cela, Pérès établit un gouvernement d'union nationale, qui le rendait virtuellement prisonnier de l'unanimité requise. La plus petite démarche en faveur de la paix devenait impossible. Le Likoud avait le droit de veto sur toutes les actions du gouvernement. Or, ce parti, très alarmé par la percée de Kahane et de son mouvement fascisant, le Tehiya, penchait encore plus à droite pour ne pas se laisser concurrencer.

Tout ceci était d'autant plus grave qu'il se passait des choses sérieuses dans l'autre camp.

En novembre, Arafat convoqua le Conseil national palestinien à Amman. Le choix de cette ville était dicté par la nécessité. En fait, aucun autre État arabe n'accepterait que le congrès se réunisse sur son sol, face aux menaces syriennes et libyennes. Jamais l'isolement des Palestiniens dans le monde arabe n'avait été aussi évident. Mais le choix d'Amman pour la réunion du Conseil avait une signification en soi. Il montrait qu'Arafat avait maintenant atteint le point de non-retour, qu'il était décidé à coopérer avec la Jordanie et à faire avancer le processus de paix.

Le fait que les deux tiers des membres du conseil - le quorum nécessaire - étaient présents prouvait que la grande majorité du peuple palestinien s'était ralliée derrière Arafat et désavouait les prétendus rebelles et leurs maîtres syriens.

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