Les milliers d'heures que nous avons passées à discuter avec nos homologues palestiniens, à essayer de leur expliquer les problèmes, les réalités, les expériences qui ont marqué les Israéliens, ont eu un effet profond, non seulement sur nos interlocuteurs, mais sur un cercle toujours plus grand de dirigeants et d'officiels de l'OLP.

En dix ans, l'OLP a parcouru une énorme distance sur la voie de la paix. Cette évolution a été masquée par un écran de propagande, à la fois palestinienne et israélienne. Mais il y a dix ans, Hammami était une silhouette solitaire, et ses chefs se distinguaient à peine dans le brouillard. Aujourd'hui, les instances dirigeantes de l'OLP ont adopté des résolutions destinées à susciter une conférence de paix internationale, prouvant ainsi qu'elles sont prêtes à reconnaître Israël et à faire la paix avec lui.

Ce n'est pas assez. Il faudra encore de nombreuses démarches avant que la paix devienne possible. Mais l'attitude actuelle de l'OLP est suffisante j>our ouvrir des négociations, à condition qu'Israël ou les États-Unis soient prêts à les entamer.

Je suis profondément convaincu que rien ne peut remplacer le dialogue direct, face à face. C'est vrai pour des amis, des amants. C'est encore plus vrai pour des ennemis. On ne fait la paix qu'avec des ennemis, et on ne la fait pas avec des ennemis que l'on méprise'ou que l'on considère comme des monstres. Notre dialogue a contribué à briser cette image diabolique. Arafat, assis entre un général israélien et un membre de la Knesset cesse d'être regardé comme le « capitaine des assassins ». Et d'autre part, les sionistes, s'ils prennent place à côté d'Arafat, ne peuvent pas tous être des démons.

Les Palestiniens ont changé, et je crois que notre action n'y est pas étrangère. Peut-on dire la même chose des Israéliens?

Un diplomate palestinien m'a dit un jour:

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