14 octobre 2000

Un gouvernement Sharak

Si j'étais cynique, je dirais qu'Ehoud Barak et Ariel Sharon avaient tout planifié d'avance.

Il y a juste un mois, Barak était en faillite, un homme politique en fin de carrière. Il avait perdu sa majorité à la Knesset, ses partenaires l'avaient abandonné, les jours de son gouvernement étaient comptés et il ne réussissait à tenir qu'à cause des vacances de la Knesset. Les sondages prédisaient qu'il perdrait largement les prochaines élections.

Ariel Sharon était dans une situation similaire. Sa carrière approchait de sa fin. Il était clair que son parti, le Likoud, le chasserait et le remplacerait par Netanyahou, qui gagnerait les élections.

Et puis, comme par miracle, tout a changé. Barak a commencé à parler des "lieux sacrés de la Nation" à cause desquels il ne pouvait être d'accord avec la souveraineté palestinienne sur les mosquées sacrées. Sharon a annoncé qu'il irait visiter cet ensemble musulman. Barak a pris cette visite sous son aile et envoyé 1 200 officiers de police pour accompagner Sharon. La visite a provoqué l'explosion prévisible. Le lendemain, sept Palestiniens étaient tués par des policiers israéliens près de la mosquée Al-Aksa. Des manifestations se sont répandues dans tous les territoires occupés et ont débordé en Israël même. Après quelques centaines de victimes, y compris l'enfant palestinien tué dans les bras de son père et les réservistes israéliens lynchés brutalement à Ramallah, une véritable situation d'urgence s'est finalement créée. Barak a demandé la mise sur pied d'un gouvernement de crise et, voyez le résultat, presque tous les partis se sont rangés derrière lui. Tous les médias sont devenus un chœur pour sa propagande ; une large majorité dans le pays le soutient.

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