Nous avons refusé, bien sûr. Nous avons souligné que les colons, qui criaient des slogans et nous insultaient, étaient autorisés à passer librement dans leurs voitures. Alors un officier supérieur, un lieutenant-colonel ou peut-être un colonel (voir cidessus) est arrivé. On nous a dit qu'il était le commandant de brigade. Nous avons discuté avec lui. C'était un officier sympathique, intelligent, ayant le sens de l'humour, un de ceux que l'on appelle des "braves types", ce qui rendait ses propos plus faciles à contester. Pourquoi cette discrimination entre les colons et les villageois palestiniens? Eh bien, parce que les villageois lancent des pierres. Pourquoi punir un village entier pour les actes d'une minorité? "Je ne suis pas sûr que ce soit une minorité". Il était tout à fait clair que son cœur était du côté des colons, dont la vie, comme il disait, "était devenue un enfer". Pour lui, les Palestiniens étaient des ennemis qui ne lui inspiraient aucun sentiment. Pourquoi ne nous permet-il pas de récolter les olives? "Parce que vous êtes venus pour provoquer les colons". Nous avons répondu honnêtement que ce n'était nullement notre intention.

Pendant que la discussion se poursuivait, nos militants commençaient un par un à infiltrer les plantations. Le commandant de brigade se trouvait devant une alternative: il pouvait appeler des renforts pour nous repousser par la force ou il pouvait nous permettre de récolter les olives. Sagement, il a choisi la dernière option.

Les six heures qui ont suivi ont été une expérience sortie tout droit d'un vieux film de propagande sioniste. Nous avons ramassé les olives une à une sur les arbres les plus proches de la colonie. Nous avons utilisé nos chapeaux comme récipients jusqu'à ce que des paniers nous soient apportés. Nous avons grimpé aux arbres pour atteindre les plus hautes branches. Dur travail mais réellement réjouissant. Sur la colline, face à nous, à une distance de quelque 50 mètres, un groupe de colons en colère, barbus, coiffés de calottes s'étaient rassemblés, mais les soldats les ont empêchés de s'approcher de nous.

Quand les villageois nous ont vu travailler, les familles des propriétaires des arbres ont osé venir aussi faire la récolte. Des

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