Il ne sert à rien de rappeler à la droite que Nelson Mandela, Yitzhak Shamir et Menahem Begin étaient des "meurtriers" et des "terroristes", sans parler de Bar Kochba et des Macchabées. Tout dirigeant d'un mouvement de libération nationale peut être qualifié ainsi. Il est également inutile de rappeler à la gauche que Kohl et Chirac ont présidé des régimes corrompus, qu'aux Etats-Unis les présidents et les sénateurs sont ouvertement achetés par des lobbys, qu'en Israël des milliards sont dépensés pour distribuer des pots-de-vin aux partis religieux alors qu'un quart des enfants vivent sous le seuil de pauvreté.

Les gens des médias répètent quotidiennement comme une évidence qu'Arafat "a rompu tous les accords". Ce serait une perte de temps de leur rappeler, aussi, qu'Israël n'a pas effectué le troisième redéploiement de la plupart des territoires occupés ni ouvert les quatre "passages sécurisés", pour ne mentionner que deux des nombreuses violations des accords, qui font paraître bien faibles par comparaison les violations palestiniennes.

Aucun accord n'oblige les Israéliens à aimer Arafat, ni les Palestiniens à aimer le Premier ministre d'Israël, quel qu'il soit. Mais comme Montgomery l'a compris, manquer d'égards envers son adversaire peut vous entraîner à commettre des erreurs de portée historique.

Aujourd'hui, la vie politique de Barak dépend des décisions du dirigeant palestinien. C'est Arafat qui décidera qui sera le prochain Premier ministre d'Israël puisque le résultat de l'élection dépend du fait qu'il y aura un accord ou non. Mais Barak comprend Arafat autant qu'il comprendrait un Martien. Depuis son arrivée au pouvoir, il s'est trompé dans pratiquement tous ses calculs.

Cela commence avec sa méprise sur la popularité d'Arafat auprès des Palestiniens. Arafat n'est pas un dictateur. Comme Washington, Atatürk et Ben Gourion, il est le "père de la Nation". Aucun dirigeant palestinien n'est prêt à assumer son rôle. Même les Palestiniens qui réagissent bruyamment contre l'Autorité - et ils sont nombreux - ne suggèrent pas qu'il soit remplacé. Quand on les questionne, ils répondent: Non, Arafat doit rester mais il doit faire ceci et cela...

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