Haïdar Abd-el-Shafi, le professeur respecté de Gaza, un des critiques les plus virulents d'Arafat, s'est plaint auprès de moi de la façon qu'a Arafat de prendre les décisions seul, mais il a ajouté honnêtement: "La vérité est que c'est nous-mêmes que nous devons blâmer. Chaque fois qu'il faut prendre une décision courageuse, tous les autres disparaissent et Arafat se retrouve seul. Il est le seul qui ait le courage de décider".

Je peux moi-même en témoigner. Au cours des années, j'ai soumis aux membres de la direction de l'OLP à Beyrouth et à Tunis des idées et des suggestions pour rendre la paix plus proche. Chaque fois que nous parvenions à un accord entre nous, ils disaient: OK, maintenant posons la question à Abou Ammar afin qu'il puisse prendre la décision.

C'est encore le cas maintenant. La direction palestinienne doit prendre une décision historique qui demande un courage personnel immense mais personne n'est prêt à en partager la responsabilité avec Arafat. Il se trouve de nouveau seul et toute la responsabilité repose sur lui.

Cela ne signifie pas qu'il puisse décider tout ce qu'il veut. Arafat est attentif aux sentiments du peuple. Il a des antennes très sensibles. C'est là que réside son unique force. Quand il sent que le peuple est prêt pour l'étape suivante, il va de l'avant. Quand il a le sentiment qu'il s'est trop avancé, il s'arrête, et quelquefois même il fait machine arrière. Cela peut désorienter ses interlocuteurs, et quelquefois même son propre peuple, mais c'est sa façon de diriger. Pendant 50 ans, il a conduit la lutte palestinienne de libération, et pendant 25 ans il a dirigé la transition de la lutte armée pour le démantèlement d'Israël à l'effort pour arriver à une solution politique avec Israël - une immense révolution dans la situation du peuple palestinien. En ce sens il s'est toujours trouvé en avance sur ses collègues et il a utilisé toutes les méthodes possibles - diplomatie, violence, ruses, Intifada et accords. Mais à aucun moment il n'a perdu de vue le but historique du peuple palestinien: l'établissement d'un Etat avec sa capitale à Jérusalem.

Il est ridicule de penser qu'il abandonnerait maintenant son objectif parce que Barak veut être réélu ou parce que le mandat

48