en avant des exigences exorbitantes alors que jusque-là ils n'avaient soulevé que des questions "simples" comme l'établissement d'un Etat palestinien, les frontières et les implantations.

Cela traduit un manque de compréhension abyssal. Le droit au retour représente le cœur même de la fierté nationale palestinienne. Il est ancré dans le souvenir de la Nakba, la catastrophe palestinienne de 1948, et dans le sentiment qu'une injustice historique a été commise contre le peuple palestinien. Ignorer ce fait historique rend impossible la compréhension de la lutte des Palestiniens, passée et présente.

Toute personne qui veut réellement tenter d'amener la paix et la réconciliation entre ces deux peuples a toujours en tête que le problème des réfugiés est en sommeil, comme un lion endormi qui peut se réveiller à tout instant. On pouvait espérer que cet instant soit reporté jusqu'à ce que tous les autres problèmes soient résolus et que les deux parties puissent alors commencer à panser les plaies dans une atmosphère plus apaisée. On pouvait espérer qu'alors un climat de confiance mutuelle aurait pu s'instaurer et qu'une approche rationnelle aurait alors été possible. La Déclaration de principes d'Oslo de 1993 n'ignorait pas le problème, mais l'a reporté aux négociations sur un "statut final".

L'homme qui a rué dans les brancards a été Ehoud Barak. II a frappé sur les côtes du lion endormi. Dans un mélange typique d'arrogance, d'ignorance, de témérité et de mépris des Arabes, il était convaincu qu'il pourrait amener les Palestiniens à abandonner l'idée du droit au retour. Il demandait donc que les Palestiniens signent une nouvelle Déclaration de principes dans laquelle ils annonceraient "la fin du conflit".

Dès que ces quatre mots ("/fl fin du conflit") sont apparus dans les négociations, le droit au retour a été mis ipso facto sur la table des négociations. On aurait pu prévoir qu'aucun dirigeant palestinien ne pourrait raisonnablement signer la "fin du conflit" sans qu'une solution ait été trouvée au problème des réfugiés.

Dorénavant on ne peut plus éviter d'aborder courageusement cette question.

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