31 mars 2001

"Prenez votre sac et sortez"

Il y a des années, un Français antisémite demandait à rencontrer mon ami Issam Sartaoui, l'émissaire spécial de Yasser Arafat à Paris. Il lui offrait l'aide des antisémites dans la lutte contre Israël. Sartaoui l'interrompit: "Monsieur", dit-il "prenez vos papiers et sortez".

"Le type m'a dégoûté", dit-il quand il m'en parla le lendemain.

Je me suis rappelé cela l'autre jour, quand j'ai appris l'attitude d'intellectuels arabes qui avaient convaincu le gouvernement libanais d'annuler une rencontre à Beyrouth de négationistes du monde entier. Parmi les signataires, il y avait Mahmoud Darwish, le poète national palestinien, Edward Saïd, le célèbre professeur américano-palestinien, Adonis, le grand poète libanais, Elias Sanbar, l'historien palestinien, et d'autres personnalités estimées dans tout le monde arabe.

Ce fut une claque retentissante à la face des antisémites. Ils aimeraient adopter la cause palestinienne, parce que, depuis l'Holocauste, l'antisémitisme n'est pas très respectable, alors que la lutte palestinienne pour la liberté est respectée par les populations honnêtes dans le monde entier.

Du point de vue palestinien, la tentation d'accepter l'offre est grande. "L'ennemi de mon ennemi est mon ami", dit un vieil adage. Les antisémites combattent les juifs, les juifs soutiennent Israël, Israël opprime les Palestiniens. La conclusion semble évidente, mais elle est manifestement fausse, parce que, objectivement parlant, l'antisémitisme est le pire ennemi des Palestiniens.

L'ensemble du mouvement sioniste est issu d'une réaction à l'antisémitisme. La célèbre affaire Dreyfus a conduit Théodore Herzl à écrire Der Judenstaat, le document fondateur du mouvement. C'est l'antisémitisme qui a constitué le ciment de tous les

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