armée qui a un Etat"), J'ai bien peur qu'en Israël la même situation prévale.

Bien sûr, nous ne sommes pas une république bananière. Nous n'avons pas de coups d'Etat militaires comme en Argentine ou au Nigeria. La situation ici est beaucoup plus complexe. La plupart (pour ne pas dire tous) des officiers supérieurs forment une bande très homogène, dont les membres sont férocement loyaux les uns envers les autres, et qui ont un point de vue droitier-sécuritaire-colonialiste. C'est réellement une sorte de super-parti, qui contrôle à la fois le Likoud et le parti travailliste. Aussi y a-t-il peu de différence entre les deux, et un officier supérieur cherchant un emploi en politique peut choisir l'un ou l'autre (comme l'ont fait Weizman, Sharon, Mordechai, Barak et beaucoup d'autres), le choix final étant dicté principalement par les circonstances et l'opportunisme.

Il est rare qu'un Etat démocratique ait un général dans son gouvernement. Dans notre gouvernement actuel, il y en a cinq (Sharon, Ben Eliezer, Sneh, Vilnaï, Ze'evi). Aux dernières élections pour élire le Premier ministre, les trois candidats initiaux étaient des généraux: Barak, Sharon et Mordechai. La grande majorité de nos anciens chefs d'état-major sont bel et bien devenus ministres (Yadin, Dayan, Rabin, Bar-Lev, Gur, Eytan, Barak), et deux d'entre eux sont devenus Premiers ministres. Depuis l'époque de Begin, le chef d'état-major prend part à tous les conseils des ministres - pratique inhabituelle dans les démocraties, même pendant les guerres totales.

Les différences idéologiques entre les généraux sont négligeables. La douce transition de Barak à Sharon prouve que les cartes d'annexions des deux sont pratiquement identiques. (Matti Peled, qui devint un combattant de la paix, reste une exception).

Il n'y aura pas de coup d'Etat militaire en Israël. Il n'y en a tout simplement pas besoin. Un homme comme Mofaz peut se préparer à écarter Sharon et à lui succéder, en insinuant que Sharon est une mauviette. Pour cela, il doit préparer une autre histoire du style "coup de couteau dans le dos" selon laquelle les politiciens empêchent l'armée de gagner. Cette légende

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