où ils ont été signés. Je me trouvais à Jérusalem. Dans la partie orientale, c'était l'euphorie. Les Palestiniens, avec quelques militants de la paix israéliens, buvaient le champagne à l'hôtel American Colony, se réjouissaient ensemble sur les marches de la Maison de l'Orient. Dans les rues, des bandes de jeunes Palestiniens se promenaient brandissant leur drapeau (interdit) et embrassant presque les policiers israéliens. Quand nous sommes passés dans Jérusalem-Ouest, j'ai trouvé une atmosphère étrange, hésitante, songeuse, modérément optimiste. J'ai été invité à une émission de télévision et j'ai trouvé la même ambiance dans le studio.

Depuis lors, pendant huit ans, Israël s'est trouvé pris dans l'engrenage d'un syndrome douloureux, appelé "dissonance cognitive". C'est une situation où la nouvelle information se heurte aux attitudes anciennes profondément enracinées.

Chacun (et, semble-t-il, tout le monde) a sa propre vision du monde, un ensemble figé de perceptions, une sorte de carte mentale qui dirige ses pensées et ses réactions. Sans cette carte, les gens se sentent perdus dans un monde chaotique. Cette carte leur apporte la sécurité ; ils savent où ils sont et où ils vont. Quand ils sont frappés par une information nouvelle qui entre en contradiction avec le schéma existant, ils se trouvent dans une situation effrayante d'incertitude, d'insécurité et d'anxiété. Quiconque en est responsable devient objet de haine et de colère.

Pendant des centaines d'années, les juifs ont été persécutés dans de nombreux pays. Partout ils ont rencontré l'antisémitisme, souffert de la discrimination, sont devenus victimes de pogroms, ont été assassinés dans l'Holocauste. Même dans des pays avancés, presque chaque enfant juif a tété avec le lait de sa mère la croyance que les goys haïssent les juifs, qu'ils les ont toujours hais et qu'ils les haïront toujours. Chaque année, à la veille de la Pâque, dans le cercle douillet de la famille, des millions de juifs répètent les mots: "A chaque génération, ils essaient de nous détruire, mais Dieu nous sauve d'eux".

Le sionisme était supposé créer un juif nouveau, mais en pratique il n'a fait que transférer le schéma mental existant dans

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