le nouveau pays. L'opposition arabe à la pénétration sioniste est apparue aux juifs comme une continuation naturelle de la vieille histoire de la persécution et des pogroms. Le schéma juif existant n'a pas été ébranlé, il s'est même renforcé. Il a créé un sentiment d'unité, de permanence et d'ordre. Un chant joyeux, commençant avec les mots "Le monde entier est contre nous/mais ■peu importe...", est devenu une danse folklorique.

Et alors Oslo est arrivé. De nouveaux sentiments de trouble nous ont envahis. Les Arabes veulent la paix. Arafat, qui, pas plus tard qu'hier, était le Hitler arabe, est devenu un partenaire. Les Arabes ont reconnu notre existence. Un Nouveau MoyenOrient, paix, conciliation, respect se trouvent à portée de main.

Cette image n'a pas provoqué la joie, au contraire. Elle a provoqué une profonde anxiété. Il était clair que quelque chose n'allait pas. Le schéma était ébranlé, et aucun schéma nouveau ne le remplaçait. L'ancienne carte, qui décrivait un paysage familier, n'indiquait plus le chemin. Il était nécessaire de dessiner une nouvelle carte, contredisant tout ce qui était connu et créant le doute sur tout ce que l'on pensait et ressentait jusquelà.

Et alors, soudain, une puissante réaction s'est produite. Ehoud Barak, l'homme de la paix, le représentant de la gauche, a tué Oslo et a dévoilé le complot arabe. Il a prouvé qu'il n'y avait aucun partenaire. Les Arabes veulent nous détruire. Grâce à Dieu, tout est redevenu comme avant. Quel soulagement!

Après tout, dans une situation de guerre et de conflit, chacun de nous sait exactement comment se conduire, quoi faire. Il n'y a aucune raison d'être inquiet. L'ancienne carte reste valable. Le schéma qui nous a servi pendant des centaines d'années reste bon pour l'avenir.

Ceci cause une profonde satisfaction. N'avons-nous pas toujours dit que tout cela n'était qu'un énorme bluff? Comme Yitzhak Shamir l'a succinctement posé: "Les Arabes sont toujours les Arabes, les juifs sont toujours les juifs, et la mer est toujours la mer".

Dans cette situation, une merveilleuse unité nationale a revu le jour. Tous les partis juifs, de la gauche à la droite,

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