En tant qu'attaché militaire, Yaron n'a rencontré aucune difficulté aux Etats-Unis. Mais au Canada, il s'est heurté à un mur. Les Canadiens ne désiraient tout simplement pas le voir. Il a agi prudemment et un scandale a été évité. Maintenant, il a un poste de directeur général au ministère de la Défense.

Son patron, Ariel Sharon, n'a jamais admis la perte de raison. Même maintenant, alors que des poursuites judiciaires ont commencé contre lui en Belgique pour son rôle dans les atrocités de Sabra et Chatila, il se présente comme un homme vertueux. "Ceci n'est pas une affaire personnelle", a-t-il déclaré aux journalistes, "c'est une affaire de l'Etat d'Israël". ("Ce n'est pas une affaire personnelle" a toujours été la phrase préférée de Sharon).

Pas une affaire personnelle? Une affaire de l'Etat d'Israël? Mille regrets, nous sommes citoyens d'Israël et il est plus que certain que ce n'est pas notre affaire. Nous n'avons pas engagé un gang d'assassins professionnels qui avaient déjà commis des atrocités dans une demi-douzaine de camps palestiniens et nous ne les avons pas introduits dans les camps sans défense de Sabra et Chatila. Nous ne leur avons pas fourni la lumière pendant la nuit, nous n'avons pas apporté des tracteurs pour cacher les cadavres. Si c'est un crime de guerre, c'est vraiment l'affaire personnelle de Sharon et de son entourage.

Je m'oppose à l'engagement en mon nom et à mes frais de l'appareil juridique de l'Etat dirigé par un ministre de la Justice timoré, dans la défense d'Ariel Sharon.

Toutes ces affaires ont un dénominateur commun: quelque chose a changé dans le monde. Plus tôt ce sera compris en Israël, mieux ce sera pour beaucoup de gens, soldats et fonctionnaires.

Au début du siècle nouveau, enfin, l'humanité s'est réveillée et a commencé à s'occuper des crimes de guerre, le fléau du XXe siècle. La Cour pénale internationale est en marche et, dans de nombreux pays, l'opinion publique demande que les criminels de guerre, comme les pirates d'antan, soient poursuivis et punis dans le pays qui les capture.

Ce mouvement deviendra de plus en plus fort. La Belgique est un pionnier. Le petit Danemark servira de modèle aux autres pays civilisés. "Car le droit partira de Bruxelles, et la parole

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