Dernièrement, un développement nouveau et dangereux est intervenu. Sous la direction du chef d'état-major, Shaul Mofaz, un homme aux idées d'extrême droite, l'armée a commencé à se rebeller contre les "directives politiques". Elle mobilise les médias contre le gouvernement et rend celui-ci responsable du flagrant échec contre le "terrorisme" - ce qui nous rappelle un des généraux prussiens après la Première Guerre mondiale qui accusait les politiciens de "planter un couteau dans le dos de l'armée". Quand le ministre des Affaires étrangères Pérès, avec l'approbation de Sharon, a récemment commencé à chercher à rencontrer Arafat, une "source militaire de haut niveau" a laissé filtré auprès des médias que l'armée contestait avec force de telles rencontres.

Les choses ont atteint leur paroxysme cette semaine, quand le chef d'état-major a décidé de créer à travers la Ligne Verte (la frontière d'avant 1967) "des zones militaires fermées" avec des camps de détention et des tribunaux militaires Kangourou pour les Palestiniens tentant de pénétrer dans la zone. Ceci signifie une annexion de facto avec des implications politiques, internationales et nationales à long terme.

Sharon, qui en a entendu parler au cours d'une visite d'Etat en Russie, a réagi avec colère. Une série d'accusations et de contre-accusations ont commencé, l'armée faisant passer des documents secrets vers les médias. ("J'ai trouvé un document..." a annoncé un commentateur à la TV).

Si cela donne l'impression qu'il s'agit d'un conflit majeur entre le gouvernement et l'armée, c'est une illusion. Sharon luimême appartient à la clique militaire plus que tout autre. Mais il a une vieille rancune contre l'état-major général qui à l'époque l'a empêché de devenir chef d'état-major. Et en plus, contrairement aux civils, il n'a aucun complexe d'infériorité quand il traite avec les généraux. C'est une querelle de famille. Il n'y a pas de vraie différence d'opinion entre Sharon et Mofaz. Tous les deux croient à la même politique d'extension des colonies et de refus de tout compromis avec le peuple palestinien. Tous les deux croient dans la maxime "Si la force ne marche pas, utilisons

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