29 septembre 2001

Les salauds ont changé les règles

Il ressemble à une momie: visage figé, corps détourné, regard fuyant. C'est Shimon Pérès rencontrant Yasser Arafat. Près de lui est assis le général qui a été envoyé pour le surveiller, afin qu'il ne parle pas - grands dieux non! - de solutions, de progrès politiques, d'un processus de paix. Sharon et le chef d'état-major l'ont autorisé à ne parler que d'un cessez-le-feu. Ils savent, évidemment, qu'aucun cessez-le-feu ne tiendra sans progrès politique, et ils n'ont aucune envie d'un cessez-le-feu.

Pourtant ce fut somme toute un événement important qui prouve que le 11 septembre 2001 a marqué un tournant crucial dans les annales du conflit israélo-palestinien. Les règles du jeu ont changé.

Jusqu'alors il semblait que le conflit était dans l'impasse. Sur le terrain, il s'est transformé en guerre d'usure. Aucun des deux protagonistes ne pouvait vaincre l'autre. Les assassinats battaient leur plein à un rythme croissant. Washington était indifférent, sa doctrine officielle étant "laissons-les saigner /".

C'est alors que se produisit l'horreur à New York et à Washington. Sharon a sauté sur l'occasion. Il était certain que c'était une occasion historique: les Américains étaient occupés avec Ben Laden, le monde faisait la chasse à des terroristes insaisissables, alors qui se soucierait des actions de l'armée israélienne? Désormais, enfin, sous le slogan "Arafat est notre Ben Laden", il pourrait envahir, tuer, écraser et détruire afin de liquider l'Intifada et peut-être aussi Arafat. Comme l'a décrit le journaliste Gideon Levy: le professeur est malade, les élèves sont heureux, chacun peut faire ce qu'il veut.

Au grand étonnement de Sharon, c'est exactement le contraire qui s'est produit. Quelques heures à peine après le

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