20 octobre 2001

Avant la collision

Comme deux trains lancés à pleine vitesse l'un contre l'autre sur la même voie, les gouvernements de Bush et de Sharon s'engagent inéluctablement vers une collision.

Le séisme du 11 septembre a complètement transformé le Moyen-Orient. Si Ariel Sharon pensait que, enfin, la base pour une coopération totale dans la guerre contre la terreur entre Washington et Jérusalem - un super-gouvernement Bush(a)ron contre Ben Laden et Arafat - avait été créée, il lisait la mauvaise carte. C'est tout à fait le contraire qui s'est produit.

Jusqu'à ce désastre, le conflit israélo-palestinien était loin d'être au centre des préoccupations de Washington ; il n'était qu'un conflit de plus dans un coin reculé du monde. Mais, dès que les Tours jumelles se sont effondrées, le Moyen-Orient a surgi à Washington. Jusqu'alors le conflit israélo-palestinien était un problème de politique intérieure avec les électeurs juifs et leurs représentants au Congrès et dans les médias. Maintenant le conflit focalise l'intérêt national américain.

Soudain, le gouvernement américain découvrait qu'une haine et une colère terribles contre les Etats-Unis avaient gagné le monde arabe et musulman notamment à cause de son soutien sans réserve à Israël, l'oppresseur de ses frères palestiniens. Les masses étaient rendues furieuses par les images quotidiennes de soldats occupants armés avec leurs gilets pare-balles, tuant des Palestiniens, tirant sur les enfants, déracinant des arbres, détruisant des maisons, expropriant des terres, construisant des colonies, assassinant des responsables, imposant des bouclages et des sièges, humiliant les personnes âgées et les femmes, tout cela avec des armes américaines, de l'argent américain et le soutien politique américain. Les sentiments des masses étaient comme une rivière obstruée par un barrage: ils poussaient

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