rencontré dans Beyrouth-Ouest assiégé, au cours de bombardements intenses, alors que des centaines d'agents de Sharon le recherchaient pour le tuer. Il était enjoué, au mieux de sa forme.

Si Arafat s'imaginait que, par son discours, il désarmerait Sharon et le ferait reculer, c'est qu'il ne connaît pas l'homme. Sharon n'abandonne jamais. Quand il rencontre un obstacle, il le contourne. Quand il n'obtient pas ce qu'il désire à sa première tentative, il attend et essaie encore et encore.

Si le conflit israélo-palestinien est un choc entre deux grands mouvements historiques, Sharon et Arafat sont leurs représentants les plus notables. Sharon est le dernier sioniste. Arafat est la personnification du mouvement national palestinien.

C'est un choc entre une force irrésistible et un objet inamovible.

D'un côté, le sionisme, dont le but constant est de faire de la terre entre la Méditerranée et le Jourdain (au moins), que l'on appelle en hébreu "la Terre d'Israël", un Etat juif homogène. Ce but doit être atteint par une "stratégie de phases" - une méthode sioniste, et les colons l'appliquent.

De l'autre côté, le nationalisme palestinien, dont le but est d'établir un Etat palestinien indépendant sur la terre palestinienne. N'ayant pas le choix, les Palestiniens ont abandonné 78% de la terre entre le Jourdain et la Méditerranée qu'ils appellent Filastin, et l'Intifada a pour but de faire que les 22% restants reviennent à l'Etat de Palestine.

Quand Sharon est arrivé au pouvoir, il s'est présenté comme le bon grand-père, qui aime les moutons et les enfants, et dont le seul désir est d'entrer dans les livres d'histoire comme l'homme qui a apporté la paix et la sécurité dans la région. C'était une escroquerie réussie dans le style "faites la guerre avec des ruses". L'opinion publique israélienne, qui désire la paix et est avide de sécurité, l'a cru et a élu le de Gaulle israélien, le vieux général qui a perdu ses meilleurs camarades dans la bataille et qui comprend que rien n'est plus précieux que la paix.

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