Quelques-uns des journalistes importants qui accompagnaient notre délégation de Gush Shalom ont eu l'impression qu'il était vaincu, qu'il "s'était résigné lui-même d son sort". S'ils avaient rencontré Koutousov dans cette bataille-là, ils auraient probablement dit qu'il était fini comme un général battu résigné à la défaite.

La guerre israélo-palestinienne, vieille de 120 ans maintenant, approche de l'une de ses phases décisives. Deux grandes masses se confrontent l'une à l'autre: une force irrésistible et un objet inamovible.

Le commandant israélien, Ariel Sharon, sait exactement ce qu'il veut. Tous les chroniqueurs qui disent à l'opinion qu'il temporise, qu'il ne sait pas ce qu'il veut, qu'il n'a aucun plan, etc., ne connaissent pas l'homme. Une personne normale comme Yossi Beilin est tout à fait incapable de saisir sa façon de penser.

Sharon agit d'une manière cohérente, déterminée et logique pour exécuter son plan. Pendant des décennies il a pensé qu'il était désigné par l'Histoire pour appliquer le vrai sionisme, celui qui a pour but de conquérir tout Eretz Israël, pour le nettoyer de la population locale et le couvrir de colonies.

En poursuivant cette mission historique, Sharon est brutal et sans pitié. Des rivières de sang ne l'arrêtent pas ; le nombre des blessés (les siens et les nôtres) n'est qu'un élément dans ses calculs. Il agit prudemment, utilise des ruses et ne recule pas devant les crimes de guerre.

Il sait qu'il ne lui reste pas beaucoup de temps et qu'il doit l'utiliser pour détruire le peuple palestinien en tant que facteur politique. Pour y parvenir, il doit détruire sa direction, vaincre ses forces armées, anéantir sa volonté et sa capacité de résistance.

Quel est le but final?

Au minimum: Emprisonner les Palestiniens dans plusieurs enclaves, chacune coupée des autres et du monde, chacune entourée par des colonies, des routes de contournement et par l'armée. Dans ces grandes prisons, les Palestiniens auront le droit de "s'occuper de leurs propres affaires", fournissant une

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