En général, les gouvernements israéliens utilisent deux torpilles mortelles dans leur arsenal: le Congrès américain et les médias américains. William Rogers, secrétaire d'Etat du président Nixon, par exemple, a proposé un plan de paix qui comprenait le retrait d'Israël sur la frontière d'avant 1967, avec des "échanges peu importants". Israël a lâché ses torpilles et a coulé Rogers en même temps que son plan. Son poste a été pris par le juif mégalomane Henry Kissinger et cela a été la fin des plans de paix.

L'initiative saoudienne peut-elle être sabordée de la même façon? Si les Saoudiens maintiennent le cap, il ne sera pas facile de l'intercepter. Cette fois, la cible n'est pas une petite frégate, même pas un destroyer, mais un puissant porte-avions. Il sera difficile de le torpiller.

Mais Shimon Pérès et son ministère des Affaires étrangères sont experts dans ce genre de tâches ; ils le sont depuis des décennies. Ariel Sharon les poussera. Le pitoyable Parti travailliste, sous la direction d'une pâle copie de Sharon, se joindra au chœur. Confrontés à la terrible menace d'avoir à mettre fin à l'occupation, les médias israéliens vont se rassembler derrière le gouvernement.

Personne ne se révolte, personne ne crie. En Israël, le vrai discours public est mort depuis longtemps. L'instinct national de survie s'est émoussé. 35 ans d'occupation et de colonisation ont érodé l'aptitude de la nation à raisonner, laissant à sa place un mélange d'arrogance et de folie.

Une grande occasion, peut-être unique, risque d'être manquée. Des centaines, des milliers, des dizaines de milliers de personnes peuvent le payer de leur vie. Elles ne danseront plus jamais dans les rues.

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