qu'ils commencent à tâter le terrain, la cause palestinienne surgit.

Pour comprendre cela, il suffit de regarder plusieurs fois par jour les nouvelles à la télévision d'Al-Jazira, regardée dans presque tous les foyers, d'Oman au Maroc. Elles montrent ce qui se passe, et ce qui se passe est terrible. L'assassinat quotidien de Palestiniens, la destruction aveugle par des tanks et des bulldozers, les cris, les pleurs et les enterrements sont montrés à toute heure en même temps que les exploits de la guérilla palestinienne et des kamikazes. Chaque bulletin d'information est une bombe programmée sous les sièges des rois et des présidents, qui sont comparés par leurs sujets au lion emprisonné à Ramallah.

Les gouvernements arabes craignent que la situation en Palestine cause "l'instabilité" dans toute la région, mettant en danger tous les régimes l'un après l'autre. Ils avertissent Washington: dans une telle situation, nous ne pouvons pas vous aider à attaquer un autre pays arabe. Cela mettrait le feu aux poudres.

Tout ceci était déjà clair il y a six mois, mais à présent les décideurs américains en ont pris conscience. Entre-temps Sharon a montré à tous son vrai visage. A Washington, on comprend maintenant qu'il faut gagner les masses arabes. C'est la raison de Tultimatum à Sharon pour qu'il évacue ses troupes du centre de Ramallah, mette fin au blocus contre Arafat et abandonne le slogan "Sept jours sans violences (palestiniennes)". Ceci explique le discours du président Bush, dans lequel il a attaqué Sharon en termes non ambigus, la résolution du Conseil de Sécurité inspirée par les Américains sur "les Etats d'Israël et de Palestine", la déclaration du secrétaire général de l'ONU exprimant un consensus international qui dénonce l'occupation et l'humiliation des Palestiniens par Israël.

Ainsi il s'avère que ce qu'il fallait c'était de la patience. Il suffit de quelques minutes pour tirer les conclusions d'un raisonnement mais une super-puissance a besoin de six mois pour changer sa politique. Comme les rouages de la justice, les rouages de la raison travaillent lentement. De nombreux

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