La même chose est arrivée à pratiquement tous les bureaux du gouvernement palestinien. Envolée l'information relative à l'enregistrement des terres et des logements, aux taxes et dépenses publiques, aux cartes grises et permis de conduire, à tout ce qui est nécessaire à l'administration d'une société moderne.

Les listes de terroristes n'étaient pas cachées dans les registres du cadastre, l'inventaire des bombes n'était pas rangé dans la liste des enseignants d'école maternelle. Le but réel est évident: détruire non seulement l'Autorité palestinienne, mais la société palestinienne elle-même, la renvoyer d'un seul coup d'un Etat moderne en train de se faire à la société primitive de l'époque turque.

Ceci est vrai pour la société civile, et encore plus pour le système de sécurité. Les quartiers généraux des services de sécurité ont été détruits, les dossiers brûlés, les ordinateurs cassés ; les renseignements concernant les organisations armées clandestines et tous les autres détails concernant la guerre contre le terrorisme ont disparu. Il n'y a pas de meilleure preuve quant aux buts de cette opération: ce n'est pas la guerre contre le terrorisme mais la destruction de la société palestinienne organisée.

A propos, ce jour-là, je suis passé, avec un groupe de militants pacifistes israéliens, par le centre de Ramallah, depuis le charnier situé dans le parking de l'hôpital jusqu'au quartier général assiégé de Yasser Arafat. Nous portions des pancartes en hébreu et avons rencontré beaucoup de sympathie et pas un seul signe d'hostilité. Même là, les Palestiniens savent reconnaître la différence entre le camp de la paix israélien et les responsables de cette attaque brutale. C'est en cela que réside peut-être la seule lueur d'espoir.

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