Mais, selon la légende nazie, c'est le contraire qui s'était produit. Les hommes d'Etat qui avaient signé l'armistice étaient des traîtres. Ils avaient planté un poignard dans le dos de l'armée victorieuse. Le champion de la propagande nazie, Joseph Goebbels, enseignait à ses élèves que par la répétition constante on peut transformer un mensonge en vérité, et plus le mensonge est gros, plus il est facile de le faire accepter.

L'incitation contre les "Novemberverbrecher" (criminels de novembre) a réussi. Ils étaient des meurtriers et les nazis devenaient un gouvernement démocratiquement élu.

La campagne contre les "criminels d'Oslo" a également réussi. Rabin a été assassiné et l'incitation monte en puissance. C'est de cette façon que l'extrême droite et les colons espèrent prendre le pouvoir. Suivant la recette bien connue, ils répètent sans fin le mensonge historique afin que, dorénavant, il soit largement accepté comme parole d'évangile. Les médias le répètent comme allant de soi. La "gauche", ou ce qu'il reste de la "gauche", regarde comme hypnotisée, incapable de réagir.

La vérité historique est bien sûr que ce ne sont pas les auteurs de l'accord d'Oslo qui ont causé un désastre historique, mais ceux qui l'ont détruit. S'il y a des "criminels d'Oslo", ce sont les gens qui ont sapé l'accord dès le début, empêché son application et, par une campagne de sabotage systématique, réussi à le faire dérailler.

Comme base pour la paix, l'accord d'Oslo n'était pas un bon accord. Il ne pouvait pas être bon, parce que les circonstances objectives étaient mauvaises. Le rapport de forces entre Israël et les Palestiniens était de l'ordre de 1000 pour un. D'après tous les critères - politique, militaire, économique, technologique, etc. -, Israël bénéficie d'une immense supériorité. Le succès de la première Intifada a permis de redresser quelque peu le déséquilibre et de rendre un compromis plus facile, mais la situation était encore loin d'un rapport de force raisonnable. Arafat n'avait pas tort quand il a dit à son peuple que c'était "le meilleur accord possible dans les plus mauvaises circonstances".

Dans ce contexte, l'accord d'Oslo était le meilleur possible. Il a permis un énorme résultat: la reconnaissance de l'Etat

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