d'Israël par le peuple palestinien, et la reconnaissance du peuple palestinien et de son organisation de libération par l'Etat d'Israël. Jusqu'alors, chaque partie avait nié l'existence même de l'autre. Cette reconnaissance mutuelle est un fait historique irréversible.

Il n'est pas nécessaire d'énumérer les défauts de l'accord, en premier lieu l'absence de définition de son objectif final. Il prévoit une série d'étapes intérimaires sans stipuler où elles conduiront. Il a établi un échéancier qui était beaucoup trop étendu. Les engagements des deux parties étaient formulés de façon vague. Ces défauts n'étaient pas le résultat de négligences, comme beaucoup (spécialement les Palestiniens) le croient, mais avaient été introduits dans l'accord tout à fait intentionnellement, notamment par les officiers israéliens qui, à la demande de Rabin, avaient changé de nombreux paragraphes au dernier moment.

Dans le camp de la paix israélien, beaucoup voyaient clairement les défauts, mais après un débat interne animé, la plupart d'entre nous ont décidé de soutenir l'accord malgré ses défauts. Notre principal argument était que, après la reconnaissance mutuelle historique, une dynamique de paix irréversible entraînerait le processus plus loin.

Je suis convaincu, encore aujourd'hui, que si les choses avaient été poussées plus rapidement en avant, l'accord d'Oslo aurait conduit à la paix. A l'époque, nous avons demandé à Rabin de tenir compte de l'avertissement de l'ancien Premier ministre britannique David Lloyd-George qui avait dit (à propos du problème irlandais) que l'on ne pouvait pas traverser un abîme en deux sauts. Rabin, une personne honnête mais hésitante, avait peur de précipiter les choses. Il a lui-même commencé à creuser la tombe d'Oslo en déclarant que "il n'y a pas de dates sacrées". En agissant ainsi, il justifiait les premières violations de l'accord et donnait du temps aux forces d'opposition à l'accord pour se regrouper et contre-attaquer.

Chez les Palestiniens, l'accord a provoqué une immense euphorie. J'ai été témoin oculaire de l'explosion de joie le jour de la signature. Les attaques sur Israël se sont arrêtées pendant

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