immigrants, littéralement pèlerins), précédemment intellectuels ou commerçants, gagnaient maintenant leur vie à la sueur de leur front. Ils ont cru avoir accompli cela par des moyens pacifiques, et sans déposséder un seul Arabe. Pour les Arabes, il s'agissait d'une cruelle histoire de dépossession et d'expulsion: les juifs ont acquis des terres auprès de propriétaires terriens riches et absents et ont expulsé de force des fellahs qui y avaient vécu depuis des générations, et pour lesquels la terre était leur gagne-pain. Pour les aider dans cette entreprise, les sionistes utilisèrent la police turque, puis britannique. Les Arabes assistaient avec désespoir à la confiscation de leurs terres.

25. En réponse à l'argument des sionistes d'avoir "transformé un désert en jardin", les Arabes citaient les témoignages de voyageurs européens qui, pendant plusieurs siècles, avaient décrit la Palestine comme une terre peuplée et florissante, à l'instar de ses voisins de la région.

Indépendance et désastre

26. Le contraste entre les deux versions nationales de l'Histoire a atteint un sommet avec la guerre de 1948, une guerre nommée par les juifs "la Guerre d'indépendance", ou même la "Guerre de Libération", et par les Arabes, "El Nakba", le désastre.

27. Avec l'intensification du conflit, et toujours sous le coup de l'impact de la Shoah, l'ONU décida de diviser le pays en deux Etats, juif et arabe. Jérusalem et ses environs étaient censés demeurer une entité à part, sous juridiction internationale. 55% de la terre furent affectés aux juifs, y compris le désert du Néguev.

28. Le mouvement sioniste accepta la partition, convaincu qu'il était crucial d'établir une fondation solide pour une souveraineté juive. Dans les réunions à huis clos, David Ben Gourion n'a jamais caché son intention d'étendre le territoire alloué aux juifs à la première occasion. C'est la raison pour laquelle la Déclaration d'indépendance d'Israël n'incluait pas de définition

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