changèrent, non l'essence. Les objectifs essentiels du mouvement sioniste, l'expansion et la colonisation, purent se réaliser sur de nouveaux espaces. Les circonstances particulières avaient cependant rendu impossible un nettoyage ethnique de grande envergure, mais plusieurs centaines de milliers de Palestiniens avaient néanmoins été chassés.

46. Israël avait reçu (en partage) 55% de la terre de Palestine lors du plan de partage de 1947 ; 23% supplémentaires avaient été conquis au cours de la guerre de 1948 et les 22% restants, s'étendant au-delà de la "Ligne Verte" (la ligne précédant la guerre de 1967) étaient maintenant conquis. Sans s'en apercevoir, Israël venait d'unifier le peuple palestinien (y compris certains des réfugiés) sous sa domination.

47. Le mouvement de colonisation commença dès la fin de la guerre. Pratiquement toutes les forces politiques du pays y participèrent, depuis le nationaliste et messianique Gush Emunim, jusqu'au Mouvement Kibboutzique Unifié, "de gauche". Les premiers colons furent largement aidés par la plupart des politiciens, de gauche comme de droite, d'Ygal Allon (la colonie juive à Hébron) à Shimon Pérès (la colonie de Kdumim).

48. Le fait que tous les gouvernements israéliens aient favorisé et développé les colonies, à des degrés différents, prouve que cette aspiration coloniale n'était pas le fait d'un camp idéologique précis et s'étendait au mouvement sioniste dans sa totalité. L'impression que le mouvement de colonisation a été conduit par une petite minorité est illusoire. Seul un effort concerté et sérieux de la part de toutes les instances gouvernementales a pu produire l'arsenal législatif, stratégique et budgétaire nécessaire à une tâche aussi coûteuse et durable.

49. L'infrastructure législative se fonde sur l'hypothèse fallacieuse que l'autorité d'occupation possède les "terres d'Etat", alors que ces mêmes terres représentent la réserve territoriale essentielle de la population palestinienne. Il est tout à fait

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