compliqué de routes de contournement, en expropriant des terres, en démolissant des maisons, en arrachant des plantations, etc. Les Palestiniens, de leur côté, utilisèrent cette période pour se renforcer, dans le cadre de l'accord comme en dehors de lui. En réalité, le conflit historique continua avec la même intensité sous le couvert des négociations et du "processus de paix", qui en vint à remplacer une paix réelle.

64. Contrairement à l'image qu'il a laissée et qui devint encore plus marquée après son assassinat, Yitzhak Rabin laissa le conflit se développer "sur le terrain" tout en essayant de mener à bien un processus politique destiné à obtenir une paix aux conditions d'Israël. Etant lui-même adepte de la version de l'Histoire du sionisme et en acceptant les mythes, il souffrit du symptôme de "dissonance cognitive" lorsque ses espoirs de paix se heurtèrent à sa conception du monde. Il semble que ce n'est que vers la fin de sa vie qu'il finit par prendre à son compte certains aspects de la version palestinienne de l'Histoire.

65. Le cas de Shimon Pérès est beaucoup plus grave. Il s'est forgé sur le plan international une image de faiseur de paix, et s'est même créé un vocabulaire pour refléter cette image (le "nouveau Moyen-Orient"), tout en demeurant pour l'essentiel un "faucon" sioniste. Cela devint évident durant la période brève et violente où il fut Premier ministre, après l'assassinat de Rabin, puis, de nouveau, quand il accepta le rôle de porte-parole et de défenseur de Sharon.

66. L'exemple le plus criant du dilemme auquel est confronté Israël fut fourni par Ehoud Barak, qui arriva au pouvoir absolument persuadé de pouvoir trancher le nœud gordien du conflit historique d'un seul coup d'épée, à la manière d'Alexandre le Grand. Barak aborda le problème sans tenir compte de la version palestinienne de l'Histoire et en en sousestimant l'importance. Il présenta ses propositions sous forme d'ultimatums et le rejet qu'il essuya l'abasourdit et le mit en fureur.

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