avant que je ne parvienne dans une pièce où je fus ébloui par le feu d'un projeteur.
Une voix me demandait si je haïssais les Arabes et je répondis " non J'ai bien failli ne pas être accepté. Mais après tout, je pouvais combattre les Anglais sans haïr les Arabes. Celui qui se trouvait derrière le projeteur a dû penser que je ferais quand même un bon combattant clandestin. A dater de ce jour, je fis partie de YIrgoun.
Les mois suivants se passèrent dans la félicité. Ma vie se limitait à une certitude que je n'ai jamais retrouvée depuis: nous faisions ce qu'il fallait faire. Nos chefs étaient des sages, de super-héros mystérieux (nous ne les connaissions pas). L'ennemi, c'était les Arabes et les Anglais. Les chefs de l'Agence juive, quant à eux, n'étaient que de méprisables Juifs de ghetto. Nous étions les quelques " élus " appelés au sacrifice pour le salut de tout un peuple.
Nous suivions un entraînement sévère. Nous faisions de longues marches pour nous endurcir et nous chantions des hymnes guerriers qui louaient les a étions d'éclat de nos héros bibliques.
" Juda eSt tombée par le feu et le sang. Par le feu et le sang, elle ressuscitera ", tel était notre credo. On apprenait à manier des pistolets, on s'entraînait à dégainer rapidement, à tirer depuis la hanche (à blanc bien sûr. Une balle de plomb était aussi rare qu'une balle d'or). Je connus une grande joie le jour où mon groupe me confia trois pistolets à cacher dans mon lit. Nous ne pensions plus à nos familles. Le travail devenait une corvée qu'il fallait expédier au plus vite. La vie, c'était de démonter une mitraillette et de la remonter les yeux bandés (je crois que je pourrais encore le faire). L'amour, c'était de faire semblant d'embrasser une fille dans une ruelle obscure, une main posée sur la sonnerie d'un immeuble pour avertir de l'approche de la police les camarades qui s'entraînaient sur le toit.
Nous distribuions des trafts décrivant les exploits des plus glorieux d'entre nous: ceux qui avaient réussi à jeter une bombe sur un marché arabe, ou tué un officier britannique qui avait torturé un jeune homme trouvé en possession d'armes. Nous manifestions contre les Britanniques; car en mai 1939, les Anglais avaient publié le Livre blanc destiné à mettre fin à l'immigration