se lèvent et qu'ils partent. " Un silence se fit. Il était clair que personne n'oserait bouger. Je me levai et partis.
J'errai dans les rues pendant des heures. Je me sentais seul et désemparé. Toute certitude était morte pour moi. Peu à peu je surmontai mon désespoir. Des idées nouvelles se pressaient dans ma tête. Tout ce que j'avais entrevu et refusé de voir me revenait. Cette nuit-là, à l'âge de quinze ans, j'entrai dans le monde des adultes.
Deux choses m'apparurent clairement. Il fallait que je consacre ma vie à la politique parce que tout le reste n'était que bavardage et futilité et pour cela j'allais apprendre tout ce qui eSt indispensable: l'histoire, la science militaire, la psychologie, l'économie, la sociologie. Enfin je sus que, sur plusieurs points, je n'étais pas d'accord avec Vlrgoun. Je n'approuvais pas sa position réactionnaire, son anti-socialisme, son mépris pour les kibboutzim et le mouvement ouvrier. Je n'approuvais pas non plus sa conception des " élus ". Si, à l'origine de tout mouvement, il y a toujours une minorité, il eSt du devoir de cette minorité d'influencer, d'éduquer et d'entraîner la masse.
Au cours des années qui suivirent, alors que Vlrgoun était dissous, puis reconstitué pour reprendre l'attaque et que la bande Stern se lançait dans la lutte armée contre les Anglais, je tentai de formuler mes idées dans un système. Après beaucoup d'efforts et pas mal d'erreurs je réussis à mettre sur pied un petit groupe d'action politique qui provoqua un certain remous jusqu'à la guerre israélo-arabe de 1948.
Nous nous étions donné le nom de " Jeunes Palestiniens ". Mais on nous appelait généralement " le groupe Combat ", du nom d'une feuille que nous faisions paraître chaque fois que nous avions un peu d'argent. Notre doétrine était très simple et tout à fait hérétique: une nouvelle nation était née en Palestine. Cette nation appartenait au Moyen-Orient. Tout en se libérant du joug britannique, elle devait aider les autres nations de cette région du monde à rejeter leurs maîtres impérialistes. Notre mouvement national devait former un " Front sémitique " coordonné avec le mouvement national arabe et s'y intégrer pour