Ce matin du 5 juin 1967, les sirènes me réveillèrent en sursaut. J'étais tellement abasourdi que je mis quelques secondes à réaliser ce qui se passait avant de me dire: " Eh bien, ça y eSt, c'eSt commencé. "
Ma femme voulait absolument que nous descendions dans l'abri. Elle était très fière de son abri. Jusque-là, il avait fait l'objet des plaisanteries de tous les locataires de l'immeuble qui s'en servaient comme pièce de débarras. Mais quelques jours auparavant, ils l'avaient désignée en personne pour le mettre en état en prévision de la guerre. Maintenant il était impeccable, bien pourvu en eau et en sacs de sable.
Je ne voulais pas y descendre. D'abord je n'aime pas les abris. Je leur préfère les tranchées. Quelques jours plus tôt, un officier de l'armée de l'air bien informé m'avait d'ailleurs assuré que pas un seul avion ennemi n'atteindrait Tel-Aviv en cas de guerre. Il faut toujours croire les militaires; ce sont les seuls qui tiennent leurs promesses.
En tant que député, j'étais exempté de service militaire. C'eSt pourquoi, ce matin-là, j'étais l'un des rares hommes de mon âge à dormir au lieu de me trouver dans une tranchée quelque part au Néguev. Après avoir écouté à la radio quelques informations qui ne m'apprirent rien de nouveau, je partis pour Jérusalem où devait se tenir une séance du Parlement.
J'étais le seul civil sur les soixante-dix kilomètres de route qui séparent Tel-Aviv de Jérusalem. Ma MuStang faisait une tache blanche insolite parmi les chars et les camions qui s'entassaient sur la route. A voir une telle affluence vers l'eSt, je crus que nous allions