Il semble bien pourtant que cette avalanche de propagande n'ait eu qu'un but préventif. On espérait impressionner les Israéliens en leur montrant une armée égyptienne forte et sûre d'elle et les décourager de l'attaquer. Nasser aurait alors obtenu une viâoire facile et sans effusion de sang. Il obtint le résultat opposé. L'armée israélienne se massa dans les espaces désertiques du Néguev, où elle attendit l'ordre de combat avec une irritation et une impatience toujours croissantes. On ne pouvait la laisser plus longtemps sur le pied de guerre sans risquer de graves troubles psychologiques et économiques. Les Arabes avaient le temps devant eux; celui des Israéliens était compté. La décision ne pouvait être différée.
Pourtant le 28 mai le gouvernement hésita. Réuni en session ininterrompue, il écoutait le ministre des Affaires étrangères, Abba Eban, lui rendre compte de son voyage en Europe et aux États-Unis. Il avait tenté de convaincre les Américains, les Anglais et les Français de forcer le blocus, et il recommandait la modération. Mais la modération était impopulaire. Personne en Israël ne croyait que des étrangers pouvaient nous aider à survivre. C'eSt là une conviétion profondément ancrée dans les esprits et qui s'appuie sur l'expérience de plusieurs générations de persécutions. Tout le monde en Israël eSt convaincu que pas un Gentil ne lèverait le doigt pour sauver des vies juives. Cette idée permet de comprendre un paradoxe de plus dans cette crise du Moyen-Orient. Nasser croit qu'Israël eSt la chose des Américains, et que s'il venait à s'arranger avec eux, il pourrait le neutraliser. Par contre, jamais les Israéliens n'imagineraient de mettre tous leurs espoirs dans une puissance étrangère, alors que leur existence eSt en jeu.
En dépit de ce climat de tension, l'opinion était divisée en deux blocs. Au gouvernement, neuf ministres, dont Levi Eshkol votèrent pour la guerre, neuf autres votèrent contre. Le résultat étant également partagé, c'eSt la seconde décision qui l'emporta.
Mais un rebondissement inattendu changea tout. Pour entretenir le moral de la nation, le Premier ministre devait prononcer