nomiques et politiques, devenait lentement anachronique. Mais partout dans l'Europe de l'ESt apparaissaient de nouveaux mouvements furieusement nationalistes: Polonais, Tchèques, Slovaques, Serbes, Lituaniens réclamaient l'indépendance nationale, rêvaient de se constituer en petits États homogènes ayant chacun sa propre langue, sa propre culture.
Dans ces futurs États-nations, il n'était pas prévu de place pour les Juifs. Ils étaient différents. De plus en plus l'idée de tout quitter et d'avoir une patrie à eux séduisit les Juifs.
Ces différents mouvements nationaux avaient ceci de commun qu'ils étaient tous tournés vers le passé: chaque peuple tentait de ressusciter, voire d'inventer un passé national glorieux et prétendait d'une certaine façon marquer par son existence le retour à l'âge d'or. Il était donc naturel pour les premiers sionistes, dans la logique des nationalismes de l'époque, de voir dans un territoire national la solution au problème juif et d'envisager la vie dans ce nouvel État comme la prolongation de l'histoire juive, après une courte interruption de deux mille ans. Les vieux royaumes juifs avaient créé la première communauté centrée sur le Premier Temple. Après le retour de l'exil babylonien, la deuxième communauté juive s'était constituée autour du Deuxième Temple. Le moment était venu de créer une troisième communauté, un État juif moderne, un véritable Troisième Temple. La pensée politique qui animait le sionisme devint très vite inséparable d'une mystique religieuse. Bien que l'intelleCfuel Herzl n'ait été pour rien dans l'inspiration messianique, au contact des masses juives d'Europe centrale, il acquit la conviction qu'elle était essentielle au mouvement.
Un autre élément a joué dans le développement de l'idéal national juif: l'idéal socialiste, qui promettait aux hommes de les libérer du joug oppressant de la société. Pour les jeunes Juifs des ghettos de Russie et de Pologne, les évangiles étaient les œuvres de Marx et de Tolstoï. Le travail manuel exerça une attraction magique sur ces jeunes qui voyaient dépérir leurs parents dans de misérables échoppes de tailleurs ou de prêteurs sur gages...