conserver les Lieux saints une fois reconquis. Le mouvement était essentiellement anti-musulman. Au contraire le sionisme était avant tout un mouvement colonisateur, sa lutte contre les Arabes accidentelle et comme nous l'avons vu, inattendue. Les sionistes croyaient la Palestine vide. Les Croisés s'y rendirent justement parce qu'elle ne l'était pas. Pourtant ces mobiles différents ont mené à des résultats assez semblables. Qu'ils l'aient voulu ou non, ces mouvements devaient tous deux combattre, s'installer sur cette terre et garder leurs possessions.

Une autre différence: les Croisés vinrent en conquérants, prirent possession du pays au cours d'une grande campagne militaire, ne s'installant qu'après la viétoire. Les sionistes vinrent en colons, acquérirent la terre peu à peu, installèrent des villages fortifiés et furent entraînés dans une guerre dont ils ne voulaient pas après avoir créé un État souverain. Ces deux différences semblent pourtant minimes, comparées aux similitudes frappantes de ces deux mouvements.

Comme les Philistins avant eux, ils vinrent tous deux de l'OueSt, en partie par la mer. Chaque invasion maritime de la Palestine a créé la nécessité de fortifier le littoral à grand renfort de matériel transporté par bateau et de s'installer le dos à la mer, face à l'arrière-pays hoStile. Ainsi la population vit-elle dans la hantise des invasions. Mais celles qui viennent de l'OueSt, sont, dans l'histoire de la Palestine, très différentes de celles qui partent des déserts de l'ESt - invasions sémitiques traditionnelles comme l'invasion des Israélites des temps bibliques ou celle des Arabes au vne siècle. Les envahisseurs venus de l'ESt qui s'infiltraient dans le pays, ressemblaient beaucoup aux habitants, eux-mêmes descendants d'envahisseurs précédents, parlaient une langue similaire, étaient vite absorbés par le grand courant de la culture palestinienne, mélange d'influences sémitiques variées.

L'État des Croisés, comme celui d'Israël, a connu des problèmes dus à la complexité de son peuplement: les Européens (Francs ou Ashkenazi) qui forment la classe dirigeante; les citoyens nés dans l'État (Poulains ou chrétiens d'Orient, et Sêphardim ou Juifs

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