les Israéliens, ni les Arabes - ne devrait pousser l'analogie trop loin et en tirer des conclusions précises, trop fatalistes. Je pense néanmoins que nous devons tirer de cette analogie une leçon. " Les Israéliens, me disait un éminent historien, devraient considérer cette Histoire des Croisades comme un guide pratique des erreurs à ne pas commettre. "
Parce que le royaume des Croisés de Jérusalem ne reposait que sur sa seule supériorité militaire, il s'eSt condamné à la ruine. Les étonnants faits d'armes qui ont mené les Croisés jusqu'au cœur de l'Égypte ne font que voiler les véritables problèmes, ceux qui, à long terme, ont déterminé leur destinée. Ces mêmes problèmes se posent dans le contexte israélien aéhxel. Toute sécurité israélienne ne peut être que temporaire si nous n'acceptons pas d'être partie intégrante du Moyen-Orient, si nous ne nous faisons pas accepter des autres peuples de la région.
Les Croisés prirent Jérusalem en juillet 1099 et célébrèrent l'événement par un terrible massacre. Ils tuèrent tant de musulmans et de Juifs qu'ils eurent du sang et des cadavres jusqu'aux genoux, comme le décrit un contemporain, Raymond de Aguilers. Le dernier des Croisés fut chassé d'Acre en 1291. Tout au long de ces cent quatre-vingt-onze années, en dépit de traités, d'ar-miStices, de cessez-le-feu, les Croisés ne connurent pas un seul jour de paix. A cet égard, l'analogie avec Israël eât totale.
La guerre de 1967 qui a éclaté de façon si soudaine et si imprévue me fait penser à une histoire du temps des Croisades, très caractéristique du royaume de Jérusalem. Au cours de l'année 1183, quatre ans à peine avant que les armées du royaume ne fussent écrasées par Saladin aux Cornes de Hattin, petite colline dominant la mer de Tibériade, un mariage fut célébré dans le château de Kerak dont les ruines surplombent la rive orientale de la mer Rouge. Le châtelain, le célèbre Renaud, seigneur de Transjor-danie et chef du parti de la guerre, présidait le mariage d'un noble de dix-sept ans et d'une jeune princesse de onze ans. Les invités, barons et nobles, étaient arrivés de toutes les parties des États des Croisés, du Nord de la Syrie aux frontières de l'Égypte. Certains n'avaient sans doute pas quitté leur monture, deux semaines